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corde

logdimanche, 02-Sep-2007

IB

Pierre MESSMER

Homme politique et académicien français

Né à Vincennes le 20 mars 1916
Décédé à Paris le 29 août 2007

En accueillant Pierre Messmer à l'Académie française, le 10 février 2000, François Jacob le saluait en ces termes : "Ici, vous allez symboliser l'action et l'aventure." L'ancien premier ministre de Georges Pompidou, qui est mort mercredi 29 août à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, à l'âge de 91 ans, était bien un homme de combat.

Dates

20 mars 1916
Naissance à Vincennes (Val-de-Marne).

1940
Rejoint Londres et les Forces françaises libres.

1960-1969
Ministre des armées.

1972-1974
Premier ministre de Georges Pompidou.

1999
Election à l'Académie française.

29 août 2007
Mort à Paris au Val de Gâce
P Messme

Avant d'être nommé en 1960 ministre des armées par le général de Gaulle, puis, en 1972, chef du gouvernement par le président Georges Pompidou, ce gaulliste de la première heure, fidèle entre les fidèles, avait mené une vie de baroudeur.

P M

Ou plutôt, comme Pierre Messmer l'a écrit lui-même, "trois vies" : la guerre, d'abord, à laquelle il s'est donné tout entier, combattant exemplaire sur les champs de bataille d'outre-mer ; la décolonisation ensuite, dont il fut l'un des acteurs, en Indochine puis en Afrique ; la refonte de l'armée française, au temps de la guerre d'Algérie, enfin, qu'il sut mener à bien sous l'autorité du général de Gaulle.

Ce n'est pas sans raison qu'il a donné pour titre à ses Mémoires, en 1992, Après tant de batailles. Batailles militaires, batailles coloniales, batailles politiques : son parcours fut riche et mouvementé, avant d'être couronné par ses deux années difficiles à l'Hôtel Matignon et son refus d'entrer, malgré les sollicitations, dans la bataille présidentielle après la mort de Georges Pompidou.

La vie de Pierre Messmer bascule le 17 juin 1940, la veille de l'appel du général de Gaulle. Sans attendre le message du futur chef de la France libre, le jeune rebelle de 24 ans - il est né à Vincennes le 20 mars 1916 -, frais émoulu de l'Ecole nationale de la France d'outre-mer, maintenu sous les drapeaux à la déclaration de guerre comme sous-lieutenant au 12e régiment de tirailleurs sénégalais, refuse la capitulation.

Avec quelques camarades, il détourne un cargo italien, gagne Gibraltar, puis Londres, s'engage dans la Légion étrangère, participe aux campagnes d'Erythrée, de Syrie, de Libye, de Tunisie, rejoint à Londres l'état-major du général Koenig, commandant en chef des forces françaises, débarque en Normandie en août 1944. Devenu compagnon de la Libération, Pierre Messmer reçoit, entre autres, la croix de guerre, avec six citations, et la médaille de la Résistance.

Après la Libération, l'aventure coloniale prend le relais de l'action militaire. Le voici en 1945 au Tonkin où, fait prisonnier par les soldats du Vietminh, il parvient à s'évader après deux mois de captivité. L'année suivante, Pierre Messmer est secrétaire général du comité interministériel pour l'Indochine, puis directeur du cabinet du haut-commissaire de la République.

LA VOIE DU TOUT-NUCLÉAIRE

A partir du début des années 1950, il parcourt l'Afrique. Il est gouverneur général de Mauritanie, puis de Côte d'Ivoire, avant de devenir haut-commissaire de la République, au Cameroun d'abord, en Afrique-Equatoriale française ensuite, en Afrique-Occidentale française enfin.

Entre deux missions, il dirige, en 1956, le cabinet de Gaston Defferre, ministre de la France d'outre-mer et auteur d'une loi-cadre qui donne aux territoires coloniaux l'autonomie interne, premier pas vers l'indépendance. Dans ses différents postes, Pierre Messmer prépare la décolonisation. D'où le titre de cet autre livre, paru en 1998 : Les Blancs s'en vont. "Le colonisateur le plus habile n'efface pas le sentiment national quand il existe", souligne-t-il. Il écrit aussi : "Le colonial que j'étais est ainsi devenu acteur de la décolonisation."

En 1959, il quitte Dakar, dernier gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française. "Avec vous, lui dira François Jacob, c'est la France qui évacue ses colonies d'Afrique. Une ère s'achève."

Pour Pierre Messmer, une troisième vie commence, qui ne sera pas moins animée que les deux premières. Le général de Gaulle le nomme ministre des armées, au moment où la guerre d'Algérie secoue le pays. Il fait face, en 1961, au putsch des généraux, maintient l'unité de l'armée, assure sa réorganisation, favorise son adaptation à l'ère nucléaire. Il a pour lui la durée (neuf ans), la confiance du président de la République et ses incontestables qualités d'administrateur.

Lors des grèves et des manifestations de rue qui marquent le mois de mai de l'année 1968, il dissuade de Gaulle de faire appel à l'armée. Il quitte le gouvernement en 1969, après le départ du Général, et fonde l'association Présence du gaullisme. Après l'élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, il devient, en 1971, ministre des départements et territoires d'outre-mer.

Un an plus tard, il succède comme premier ministre à Jacques Chaban-Delmas, l'homme de la "nouvelle société". De son passage à l'Hôtel Matignon, Pierre Messmer n'a pas gardé de bons souvenirs. Il dit dans ses Mémoires ne s'être "jamais senti à l'aise" dans sa fonction et l'avoir quittée sans regret. Les divisions politiques et les conditions économiques rendent, il est vrai, sa tâche malaisée.

De ses deux années à Matignon, on retiendra d'abord la victoire de la majorité, dont il est le chef en tant que premier ministre, aux élections législatives de 1973. On retiendra aussi sa décision de mettre en chantier treize centrales nucléaires pour faire face au choc pétrolier. Une décision historique qui engagera la France dans la voie du tout-nucléaire, mais assurera son indépendance énergétique.

Après la mort de Georges Pompidou, Pierre Messmer hésite à se porter candidat à la présidence de la République, puis renonce devant la détermination de son principal rival, Jacques Chaban-Delmas. Dès lors, il se contente de son double rôle de parlementaire et d'élu local. Il conserve jusqu'en 1988 son mandat de député de la Moselle, conquis en 1968. Il est même président du groupe RPR de l'Assemblée nationale sous la première cohabitation, de 1986 à 1988. Il est également maire de Sarrebourg jusqu'en 1989.

AcadémiePierre Messmer prend en 1992 la présidence de l'Institut Charles de Gaulle, puis, en 1995, celle de la Fondation Charles de Gaulle.

Elu à l'Académie des sciences morales et politiques en 1988, puis à l'Académie française en 1999, au fauteuil de Maurice Schumann, il est choisi en 1999 comme chancelier de l'Institut.

Devenu l'un des derniers gardiens de la mémoire gaulliste, Pierre Messmer fait revivre, par la plume ou par la parole, l'épopée de la France libre. Il témoigne en 1997 au procès de Maurice Papon, déclarant notamment : "Le temps est venu où les Français pourraient cesser de se haïr et commencer de se pardonner." En 2001, avec d'autres anciens résistants, il demande la grâce de l'ancien collaborateur.

Pierre Messmer, personnage multiple, complexe, légionnaire du gaullisme et figure de la France libre, voit son parcours hors du commun s'achever le 29 août 2007.

P Messmer

Ses citations

«De toutes les morts, la mort atomique est la moins chère...»
[ Pierre Messmer ]